
Le a privatif, chez nous aussi on connait, dans l’apolitique du logement. Depuis trois décennies, elle consiste, pour nos gouvernants, à gérer la pénurie résidentielle par l’impôt, la réglementation, voire la stigmatisation. Mais sans vue d’ensemble ni d’action concertée. Nos politiques n’ont, de l’immobilier, qu’une vision fiscale – une vache à lait non délocalisable – teintée de commisération sociale – un « droit au logement » (DALO) inapplicable.
Inapte à créer un environnement favorable à la construction, l’apolitique du logement se contente d’agiter des chiffons rouges :
– Elle zone, découpant le territoire pour accorder ici une faveur fiscale refusée là, sans prendre réellement en compte la diversité ni la finesse des marchés immobiliers locaux.
– Elle plafonne, préférant une gestion administrative des loyers à l’ajustement naturel des marchés, sans se rendre compte que, sur le terrain, un plafond a vite fait de devenir… un plancher.
– Elle niche, craignant de se laisser déborder par le poids des avantages fiscaux, sans avoir toutefois de logique ni de constance dans la démarche. Ainsi, dans le projet de loi de finances 2013, le « Duflot », remplaçant du « Scellier », doit se retrouver dans la niche de 10 000 euros (montant maximum des réductions d’impôt qu’un contribuable peut cumuler au cours d’une année), alors que son homologue pour l’outre-mer n’y serait pas. Un succès personnel pour le ministre des Outre-mer… Lui, on va l’appeler le dénicheur !
Dernier avatar en date, notre ministre du Redressement productif propose, pour compenser un allègement des charges des entreprises, de ponctionner « les secteurs abrités de l’économie, les secteurs qui font beaucoup d’argent sans finalement trop se fatiguer »… Et de citer les banques et l’immobilier. Quelle méconnaissance des réalités ! Les millions de personnes qui travaillent dans ces domaines apprécieront le manque de considération à l’égard de leur travail, alors même qu’elles sont, elles aussi, en proie aux difficultés.

Christian Micheaud

